Un été au Japon : les fantômes sont nos amis, il faut les aimer aussi 🎵

En plus des insectes, l’été est aussi la saison d’autres héros un peu surprenants : les fantômes.

Plusieurs raisons expliquent cet engouement saisonnier, la première est tout simplement que le festival お盆 (obon, la fête des morts) est généralement célébré autour du 15 août au Japon. À cette occasion, il est dit que l’âme des défunts rentre sur terre.

Si le sujet vous intéresse, je vous conseille très vivement l’excellent tome de l’excellente série オニのサラリーマン(oni no salaryman, le démon salaryman) dédié à la question.

« Vacances de obon en enfer »

Comme vous pouvez le voir sur la planche suivante, les démons employés aux enfers sont réquisitionnés pour fournir aux défunts les chevaux en concombre nécessaires pour se rendre jusque sur terre.

Dans ce cas-là, les fantômes sont bienveillants puisqu’il s’agit des ancêtres de la famille. On dépose pour eux des offrandes (fleurs, nourriture, les fameux chevaux en concombre, etc.) sur le 仏壇 (butsudan, autel bouddhiste placé dans la maison). Beaucoup de familles en profitent aussi pour se rendre au cimetière afin de nettoyer et fleurir les tombes de leurs proches.

Packs d’offrandes au supermarché

Mais il existe évidemment des fantômes moins sympa !

L’été, c’est aussi la période des 肝試し (kimodameshi, les épreuves de courage) qui consistent à se rendre dans des endroits réputés hantés pour s’amuser à se faire peur.

Malgré mes recherches très poussées (= la première page de Google et Wikipedia), je n’ai pas trouvé de lien particulier avec obon qui expliquerait pourquoi cette pratique a lieu généralement en été.

Il semble qu’il existe une légende dans le Ōkagami monogatari sur des onis qui apparaissaient la nuit en été dans une maison, et les trois frères Fujiwara qui y auraient été envoyés pour tester leur courage. Cela pourrait être la genèse du kimodameshi.

Mais si vous posez la question à des Japonais, ils vous répondront généralement qu’en été, il fait chaud, et que parler de fantômes donne la chair de poule plus efficacement que la clim, CQFD.

Sans oublier que l’été est la saison des 合宿 (gasshuku, stages intensifs pour le sport ou les études qui ont souvent lieu dans des auberges à la campagne), du camping, etc. Bref, autant d’occasions de se retrouver en plein air la nuit et d’avoir les chocottes.

Les fantôme font donc partie intégrante de la culture japonaise, et ce, dès le plus jeune âge si vous vous rappelez le livre « Qui est-ce qui ne fait pas dodo ? » de Keiko SENA que j’avais présenté dans ma sélection pour enfants à partir d’un an.

Même à l’école maternelle, il s’agit d’un thème récurrent en été. En petite section, Aki a réalisé ce fantôme si mignon qu’on lui a depuis fabriqué toute une bande de copains à la maison :

Et chaque année, tous les élèves de son école apprennent cette chanson avant les grandes vacances :

« Les fantômes ça n’existe pas, les fantômes c’est juste des histoiresmais ça me fait un peu peur quand même ! »

Histoire de se rassurer, j’imagine. La chanson contient quand même – au cas où – quelques pistes pour se défendre en cas de rencontre inopinée avec un fantôme (comme par exemple le mettre au congélateur !).

Si les fantômes kawaii ne vous emballent pas, vous pouvez bien sûr vous tourner vers un domaine beaucoup plus classe : l’ukiyo-e qui regorge d’œuvres terrifiantes. Les fantômes sont souvent représentés de telle manière qu’on dirait qu’ils vont sortir de leur cadre 😱

De quoi avoir des frissons si vous devez aller aux toilettes en pleine nuit…

Dommage, on n’a pas de tokonoma chez nous pour accrocher des estampes… on va s’en tenir aux fantômes kawaii donc !

3 commentaires sur « Un été au Japon : les fantômes sont nos amis, il faut les aimer aussi 🎵 »

  1. Oh les onis! Je préfère les gentils aux vilains. Comme ceux du film d’animation « lettre à Momo » (Momo e no Tegami).
    Par contre, je ne connaissais pas l’histoire des chevaux de concombre. J’aime bien l’image.

    Merci pour ce post très détaillé, bonne semaine. 😉

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